Bonjour à tous,
aujourd’hui, nous allons parler d’un court métrage sur lequel j’ai travaillé il y a quelques années. A travers mon point de vue, je vais vous présenter les grandes étapes de la création d’un film d’animation.
Naissance d’un film d’animation
Comme je vous l’ai raconté récemment, j’ai par le passé travaillé sur plusieurs projets vidéo dont le film « Seuls les Poissons Morts ». Vous trouverez le court-métrage dans son intégralité plus bas sur cette page. Mais pour les curieux qui veulent en apprendre un peu plus sur la genèse de ce film, je vous propose le résumé qui suit…
En 2006, mon ami Jérémie Guihard, qui écrit des scénarios, des nouvelles et qui travaille aussi la vidéo décide de réaliser un court-métrage d’animation basé sur une de ses histoires :
Martin, un pantin, simple employé de bureau refuse une augmentation de la part de son patron, sans savoir vraiment pourquoi. Il commence à se poser beaucoup de questions sur le sens de sa vie et décide de voir ce qu’il y a au bout des fils qui le manipulent…
Il me contacte à ce moment, m’explique son projet et le rendu visuel qu’il souhaiterait obtenir afin que je l’aide. Il souhaite faire un film d’animation non pas en dessin animé mais à base de réels objets photographiés puis animés. Au final, le projet va beaucoup évoluer : de nombreux « artisans » vont venir se greffer au projet et de multiples technologies plus ou moins poussées vont être utilisées pour surmonter les défis techniques.
Les problèmes techniques
Nous commençons alors à travailler ensemble et par la même occasion à nous auto-former au métier de l’animation. C’est notre premier gros projet de ce type et nous sommes débutants dans ce domaine. Il faut donc apprendre à utiliser les outils mais aussi à appréhender les théories de l’animation, comme par exemple créer le cycle de marche d’un personnage.
Par ailleurs, les protagonistes du film étant des pantins, Jérémie souhaite bien entendu qu’ils soient reliés par des fils. Techniquement, nous faisons face à un problème car nous ne voyons pas comment créer ce rendu sans devoir passer des heures et des heures à animer les fils un par un. Mais étant d’un naturel fainéant, je me dis qu’il doit être possible d’automatiser ce processus. Jérémie et moi décidons donc de nous poser sur la documentation du logiciel After Effect afin de trouver une solution à notre problème. Après pas mal d’heures de recherche, nous réussissons à écrire un script qui automatise le comportement des fils des personnages, indépendamment des mouvements qu’on donne aux pantins. C’est une grosse épine du pied que l’on vient d’enlever, et qui va nous faire gagner beaucoup de temps afin de se consacrer à d’autres tâches.
Un fil à la patte graphique
Cependant, à ce stade d’avancement, nous commençons à nous sentir en sous-effectif si nous voulons que le film soit à la hauteur des ambitions de Jérémie. On se rend rapidement compte que même si on a réglé un problème conséquent d’animation, il va nous falloir de l’aide pour le design et la création des personnages ainsi que des décors.
Je contacte un de mes amis, Loïc Saulin pour savoir s’il serait prêt à nous donner un coup de main. Il est partant pour ce projet, et fait venir une de ses connaissances, Jérôme Nourtier. Jérémie, de son côté, fait appel aux talents de sa sœur Mathilde Guihard. Les personnages et les décors vont d’abord être créés physiquement : écrous, visses, morceaux de bois, pièces de tissus… Une fois de plus, le travail est fastidieux pour réaliser tous les éléments visuels du film.
Il en est de même pour les décors, où de réelles maquettes sont réalisées, photographiées puis retouchées numériquement.
Effets spéciaux
En parallèle, je m’attaque à la création du générique en image de synthèse. Ayant terminé récemment une formation en 3D à cette époque, je mets donc en exécution mes connaissances dans ce domaine.
Une fois terminés, les objets et personnages qui ont été photographiés et numérisés vont être préparés pour être animables. Le principe consiste à découper les personnages en différents morceaux sous Photoshop : la tête, les épaules, les avants-bras, les jambes, les pieds…
Après avoir numérisé les différents objets, vient le moment du compositing. Cette étape permet d’ajouter des effets qui enrichissent le rendu visuel du film. Chaque élément de l’animation est placé sur un calque After Effect, comme sous Photoshop. Et de la sorte, chaque éléments peut se voir attribuer des effets graphiques, comme de l’ombrage, de la lumière ou des effets de fumée ou de particules.
Animation
Le projet continue à bien évoluer, et nous pouvons enfin commencer réellement l’animation des personnages pour leur donner vie. Même si nous nous sommes bien préparés pour aborder cette étape le mieux possible, on se rend compte que le travail à abattre va être énorme. On comprend que si on reste à 2 sur ce poste, le développement du film risque de s’éterniser. Jérémie fait appel à un de ses amis, Benjamin Lepeule pour nous épauler.
Musique
En parallèle, Jérémie qui a tous les éléments de son film en tête cherche quelqu’un pour composer la musique du film. C’est via les contacts de notre ancienne école de Grenoble que Jérémie rencontre Agnès Vincent, compositrice professionnelle. A ce moment, « le Pantin » comme on appelle le film entre nous, prend une toute autre dimension. La musique apporte une profondeur aux personnages et à l’histoire.
Les pantins donnent de la voix
Il ne reste plus qu’à apporter la dernière touche pour donner vie aux pantins à travers leurs voix. J’appelle un de mes amis à qui travaille dans la vidéo et lui demande s’il souhaiterait lui aussi apporter sa pierre à l’édifice. Alexis Tison-Aldeguer, qui est en train de monter sa société de production audiovisuelle sur Nice (Mantiprod) va donc trouver plusieurs acteurs pour jouer les voix et les enregistrer.
Dernière ligne droite
Jérémie termine le montage du film pendant que de mon côté je gère le mixage sonore.
Après plus de 3 ans de travail, le film sort finalement en 2009. Pour en arriver là, le projet sera passé par de multiples étapes, se sera confronté à de nombreuses difficultés et aura vu l’équipe grossir petit à petit. Mais même après la sortie, Jérémie n’en n’a pas fini, il s’attaque à la promotion du film. A force de persévérance et de travail, le court-métrage sera sélectionné dans plus d’une trentaine de festivals et diffusé également sur plusieurs chaînes de TV et lors de 40 diffusions publiques.
A présent, bon visionnage :
Seuls les poissons morts – 2009
Fiche Technique :
- Réalisateur : Jérémie Guihard
- Scénariste : Jérémie Guihard
- Directeur photographie : Jérémie Guihard
- Directeur artistique du son : Thomas Lombard
- Musique : Agnès Vincent
- Montage : Jérémie Guihard
- Animation : Jérémie Guihard, Thomas Lombard, Benjamin Lepeule
- 3D : Thomas Lombard
- Voix : Céline Chatti, Alexis Tison-Aldeguer, Gilles Du Souich
- Décors : Jérôme Nourtier, Jérémie Guihard, Loïc Saulin
- Prise de son voix : Alexis Tison-Aldeguer
- Montage et Mixage Sonore : Thomas Lombard
- Texte : Jérémie Guihard
Liste non-exhaustive des festivals et projections publiques ayant sélectionnés Seuls les Poissons Morts… :
- 8ème festival vidéo d’Orléans (France- 45)
- Courts pour tous Ville d’Avray (France – 92)
- Clôture des drakkars Saint-Lô (France – 50)
- Médiathèque Agneaux Agneaux (France – 50)
- Cabaret de la dernière chance Rouyn Noranda (Canada – Abitibi Témiscamingue)
- Selluloïd Selles Sur Cher (France – 41)
- Elysée Biarritz Paris (France – Paris 8)
- Court c’est Court (Cabrières d’Avignon)
- Festival International du Film de Clermont-Ferrand – Sauve qui peut le Court-Métrage (France-63)
Liens :
- Agnès Vincent (compositrice de musique) : agnesvincent.com
- Alexis Tison-Aldeguer (studio de production audiovisuelle à Nice) : mantiprod.fr
- Loïc Saulin (graphiste-illustrateur) : sol7studio.com
- Bande-annonce du film sur ma chaine Youtube