L’histoire avait pourtant mal commencé. Il y a quelques jours, mon collègue Thierry, astronome amateur, toujours à l’affût de ce qu’il pourrait observer via son télescope, me parle d’une comète qui serait visible à l’œil nu : C/2020 F3 (NEOWISE), plus communément appelée Neowise tout-court.
Ni une, ni deux, je décide de planifier une séance photo nocturne. La comète est observable entre 4 et 5h du matin. Mercredi soir, je prépare tout mon matériel, je mets mon réveil à sonner à 4h du matin jeudi 09 juillet et je sors dans mon jardin. Mais là, c’est le drame.
Le champ de vision est bouché par le relief et les arbres aux alentours de chez moi. J’ai beau vérifier sur l’application SkySafari, un constat s’impose : je ne verrai rien ce soir. Pendant ce temps-là, mon pote Thierry m’explique par Whatsapp que le spectacle est magnifique depuis chez lui…
Il est bientôt 5h du matin, le soleil commence à se lever, et moi, je vais me coucher, bredouille.
Pendant toute la journée du jeudi, je réfléchis à un endroit qui me permettrait d’observer la comète le lendemain. Car oui, dans mon malheur, j’ai droit à une seconde chance ; plusieurs même, car la comète restera visible une dizaine de jour.
Mais si je veux photographier cette comète, il ne faut pas me reposer sur mes lauriers. On n’est pas à l’abri d’un temps couvert dans les prochains jours. Il faut donc faire au plus vite.
A force de chercher, j’arrive toujours à la même conclusion : il faut que je choisisse le point le plus haut proche de chez moi. C’est décidé, le lendemain matin, j’irai à la chapelle Notre-Dame-du-Mont entre Boussières et Thoraise.
C’est mon point de vue préféré dans les alentours de ma maison. Il y a un quart d’heure de marche, c’est jouable.
Vendredi 10 juillet 2020 : j’ai encore avancé mon réveil, 3h30, je suis debout. Le temps de me préparer, charger la voiture pour être au plus près de la forêt, puis marcher avec le matériel sur le dos (dont un trépied de plusieurs kilo), je devrais être à 4h au point d’observation. Au passage, j’avoue que je n’en menais pas large à marcher seul dans une forêt de nuit. Dans la même forêt, où régulièrement en voiture, je croise des chevreuils ou des sangliers…
Au départ, je pense que je suis un peu en avance, car je ne vois rien. Mais c’est qu’il faut que ma vision s’adapte. De plus, il y a la lueur de la ville de Besançon. Je fais travailler ma vision périphérique et là, d’un coup apparaît une traînée lumineuse, NEOWISE était déjà sous mes yeux!
Je sors mes jumelles afin de la contempler « au plus près »; le spectacle est magnifique. Mais il ne faut pas trop trainer, car je dispose de moins d’une heure pour bénéficier des meilleures conditions photographiques.
Au bout de quelques clichés, je sais que j’ai la bonne photo. Je prends donc un peu de temps pour observer à nouveau la comète aux jumelles. Il est bientôt 5h, je m’apprête à ranger mon matériel quand je vois derrière moi deux lumières s’approcher de moi, en provenance de la forêt…
C’est mon voisin Patrice, photographe aussi qui est venu, un peu à l’improviste, car il a été prévenu tardivement de la présence de cette comète, sans avoir eu le temps de préparer sa sortie. Dommage, il est trop tard. Il arrivera finalement à capturer la comète les jours suivants.
Pour les photographes curieux, voici les spécificités techniques de la photo :
640 ISO / 120 mm (en équivalent 24×36) / 3,2 secondes
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